Nana… (version française)

Mai 9, 2019 | Portraits

Nana lors de sa première visite à Bordeaux – 2001

Dans plusieurs régions de Syrie, c’est ainsi qu’on appelle nos mamies. La mienne, je ne l’ai jamais appelé ainsi. Originaire de Homs, troisième ville la plus peuplée de Syrie, nous appelons plutôt nos mamies “téti”.

Nana, téti, mamie… Que de termes différents pour désigner la même chose. Un être présent pour vous chérir, vous encourager et vous accompagner sur le chemin de la vie. Téti a commencé son accompagnement un peu tard, j’avais 12 ans lorsque je l’ai rencontrée pour la toute première fois. Mes amis avaient déjà eu de nombreux souvenirs avec leur mamie, moi je rencontrais tout juste la mienne.

Je me souviens très bien de cette première rencontre. J’étais jeune et une chose m’avait particulièrement frappée, maman n’était pas allée à l’aéroport pour accueillir sa mère. Après 30 ans de séparation, comment pouvait-elle attendre patiemment à la maison ? Alors que nous étions sur le chemin de l’aéroport, j’avais donc posé la question à papa. Pourquoi maman n’est-elle pas avec nous ?  Et papa m’avait expliqué que lorsqu’on aimait très fort quelqu’un, qu’on en était injustement privé pendant si longtemps, les retrouvailles pouvaient être trop compliquées à gérer sur le plan émotionnel. Et qu’il était donc préférable d’instaurer un cadre intime, propice à ces retrouvailles tant attendues.

Nous avions donc pour mission de réserver à téti le plus chaleureux des accueils. Nous étions impatients à l’idée de rencontrer notre mamie, celle qui nous accompagnerait au cinéma, au zoo, nous couvrirait de cadeaux. C’était l’image que j’avais d’une mamie. Mais téti n’était pas une mamie comme les autres. Elle avait passé 10 ans en prison, y avait perdu l’usage de ses jambes et deux de ses enfants. Elle y avait perdu une partie d’elle-même.

Alors non, téti ne m’a jamais emmenée au cinéma, ni au zoo et elle n’avait pas les moyens de me couvrir de cadeaux. Mais elle m’a appris le courage, la détermination et la force. Elle m’a appris que personne ne pouvait humilier une âme libre. Que nul ne pouvait nous empêcher de rêver. Alors ce café, je lui dédie. Je lui dédie mon rêve d’une société plus inclusive, plus juste, plus solidaire. La Cour de Nana, c’est la cour de ma mamie. Vous y trouverez ce qu’elle m’a apportée : de l’espoir, de la convivialité et de la force, beaucoup de force.

Au plaisir de vous y retrouver

Dima.

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